C’est un anniversaire de plus pour Hélène, âgée de 75 ans, et ses trois enfants adultes, Adrienne, Frédéric et Jérémie, accompagnés de leurs familles respectives. Réunis dans leur maison d’enfance ils lui offrent des cadeaux qui la déçoivent, tentent d’éviter de parler de la mort et discutent de marché mondialisé et de leurs carrières respectives. Hélène décède. Il faut diviser le lègue.
On s’attend suite à cette prémisse assister au resserrement des liens de sang et il en est tout le contraire. Les trois enfants sont déjà ennuyés lors de l’anniversaire de leur mère et sa mort leur donnera l’excuse pour couper tous les ponts. Il ne sera question dès lors que du lègue matériel de la défunte. La valeur marchande prend le dessus sur celle affective que les personnages donnent à l’héritage. Seul Frédéric veut résister au désir de son frère et sa sœur de tout vendre. Ils ont une vie professionnelle en expansion aux bouts du monde (Adrienne en Californie et Jérémie à Shanghai). La maison familiale et tout ce qu’elle renferme ne leur est d’intérêt que financier puisqu’ils ne pourront pas en profiter autrement. Frédéric, toujours en France, croyait garder la maison intacte et est bouleversé par la décision d’Adrienne et Jérémie. Il se soumet tout de même et tout est liquidé en vitesse. Ce n’est pas que la sœur et le frère n’aient pas d’attachement sentimental à Hélène. C’est plutôt que la valeur marchande du lègue se présente comme une force sourde et puissante qui balaie tout autre intérêt affectif. Même Frédéric, pourtant en charge de la liquidation des biens, est absent ou ne donne que très peu d’efforts pour disposer de l’héritage. La volonté de tout vendre et de larguer tout attachement affectif ne vient pas des personnages mais plutôt d’elle-même, comme un vœu inconscient et collectif de société.
Du fait, les personnages des trois enfants laissent indifférent. La seule qui semble retourner un amour profond et senti pour Hélène est Éloïse, la bonne les ayant servis depuis toujours. Elle est mise en distance, inconsidérée. À peine lui donne-t-on un vase que tout le monde croit sans importance. L’ironie du sort voudra que cette pièce aurait pu s’avérer d’une grande valeur si jointe à un autre morceau. Mais encore, personne n’y porte attention si ce n’est Frédéric qui n’aura pas la force de le lui reprendre comme il n’en a pas eu pour affronter son frère et sa sœur. Lorsque lui et sa femme déambule au Louvre acquéreur d’une grande partie des œuvres vendues par la famille, tout ces objets se vident d’intérêt, se trouvent comme stérilisés. Lorsqu’ils portent leurs regards sur l’un des vases, force est de constater que c’est le vase d’Éloïse qui conserve le plus de valeur.
Et les petits-enfants sont carrément expulsés. Ils n’ont pas d’affaires dans la mort d’Hélène. Et quand ils investissent tout l’espace filmique, c’est aussi pour s’approprier la maison familiale, une dernière fois et en faire un lieu de débauche adolescente. Aucun respect pour la postérité ? De qui l’auraient-ils appris de toute manière ? Pourtant, la fille de Frédéric, à la toute fin du film et à la surprise générale, émet une opinion enfouie : elle regrette la vente de la maison. La prise de possession de la demeure familiale par les adolescents prend alors une autre allure. Il ne s’agit pas d’un exemple de la dépravation de la jeunesse résultant de la génération qui la mise au monde. Ils ne peuvent réparer les tords de la génération qui les a mise au monde mais ils peuvent s’en approprier les vestiges et se construire un avenir qui leur est propre et plus humain… Peut-être ?