2.21.2012

Nuit #1 - Anne Émond

Distances et attractions

Clara et Nikolai se rencontrent dans un rave. Ils se rendent chez lui et font l’amour, impatients, dès que la porte de l’appartement se referme. Ils s’arrêtent après un moment; elle doit utiliser les toilettes. Elle se voit dans le miroir. Ils reprennent et elle ne jouit pas. Ce n’est pas grave, lui dit-elle.

Suit alors une série de monologues déclamés sur le ton propre au partage de l’intimité. Le dialogue affecté des deux amants tient tant du fait qu’ils ne se connaissent que depuis quelques heures qu’à la théâtralité appuyée de la mise en scène. Les performances orales s’alignent, ponctuées d’interactions brèves, comme un montage de témoignages vidéo qui montre l’individu par rapport à lui-même, incertain d’être entendu.

S’ils ne s’entendent pas, leurs corps se sont vus et touchés dans une première scène presque muette d’une remarquable et véritable intimité. Ils seront pourtant incapables de trouver le souffle d’âme qui leur évitera de briser, de leurs discours maniérés, leur relation naissante. Anne Émond cadre avec sincérité le théâtre des distances et fait du cinéma un spectacle stylisé.

Les enfants récitant des poésies en fin de film recentrent le film sur une parole portant une culture, propice au rapprochement, plutôt que sur des mots, agents de l’isolement.